Je me souviens de ces gigantesques affiches publicitaires de Paris Match s’étalant dans le métro parisien en 1983, annonçant la découverte et la publication des carnets intimes d’Adolf Hitler.
Très rapidement, la supercherie fut dévoilée : les carnets étaient des faux. Au-delà des polémiques que ne manquent pas de soulever tout ce qui tourne autour de l’histoire du IIIe Reich, cet épisode pose de vraies questions liées à l’information et les médias, avec de plus fortes résonances encore aujourd’hui.
La première partie remonte à la source de la désinformation : l’annonce et la publication de la « découverte » en Allemagne par le Stern, premier magazine européen à l’époque en termes de ventes. Dans un style proche de l’enquête policière, on s’attache à présenter les protagonistes, la quête obsessionnelle du reporter Gerd Heidemann, les conditions de la découverte, les enjeux, la cupidité des propriétaires du magazine, l’absence de prudence élémentaire de la rédaction en chef malgré la méfiance absolue des historiens, la folle spirale qui a mené à la catastrophe, la révélation de la supercherie après analyses scientifiques, la contre-enquête pour comprendre ce qui s’était passé, la découverte du faussaire Konrad Kujau et finalement les mensonges du reporter.
La seconde partie reconstitue la manière dont le magazine français Paris Match, qui avait acheté les droits des carnets pour leur publication, a été également emporté dans cette spirale. Comment une machine médiatique s’emballe, quelle est la part de bonne foi, d’auto-persuasion, d’aveuglement, d’entêtement, de choix délibérées et de cynisme? Mais surtout, quelles questions posent une telle affaire? Celles liées à la reprise d’informations sans vérification, problème totalement actuel, à l’heure de l’information continue, de l’immédiateté imposée par le fonctionnement d’Internet, du partage via les réseaux sociaux.