Lorsque j’ai réalisé le documentaire radiophonique « Le dernier bras d’honneur d’Alain Kan », consacré à la carrière alambiquée du tortueux chanteur, j’avais bénéficié d’un accès à ses archives personnelles. Textes, notes, dessins, projets inédits, journaux intimes, brouillons de lettres m’avaient permis de mieux connaître ce personnage fantasque disparu en 1990 et aidé à l’incarner. Parmi ces précieux documents, se trouvait son roman, « L’enfant veuf », rédigé entre 1978 et 1980 mais jamais publié. A l’époque circulait l’information que l’ouvrage serait publié chez Robert Laffont mais les mensonges promotionnels d’Alain Kan étant fréquents, il est permis de douter.
Dans un style lyrique, heurté et iconoclaste, le récit, très autobiographique malgré les dénégations de son auteur, raconte une relation amoureuse homosexuelle flamboyante et sombre, évoluant dans les méandres d’un univers nocturne interlope et mêlant romantisme exacerbé, décadence, sexe et drogues. Le témoignage d’un milieu et d’une époque qu’on peut qualifier de post punk, suintant à la fois désillusions, aspirations au bonheur, radicalité et une certaine lucidité quant à la vacuité du monde de la nuit.